Des yeux qui s’accrochent. Une lanterne allumée, posée sur un comptoir. Un piano joue tout seul une mélodie enivrante. Un filament doré tourne autour d’eux, comme un ruban que le vent a décroché de son piquet. Les notes tournent avec eux, sans les regarder, elles ne servent qu’à les accompagner. D’un côté, une robe blanche qui n’en finit pas de s’étendre, avec sa porteuse, suspendues au-dessus du vide nuageux. De l’autre, un ensemble, veste, chemise et nœud papillon, cherche à danser avec son porteur qui ne pense pas à lui. Ils se tiennent par les mains dont les doigts se déracinent doucement, comme s’ils avaient peur de tomber. Le fil d’or se décuple, ils s’agitent un peu plus. La chaude lanterne éclaire à peine, mais ni l’un ni l’autre n’a besoin de lumière pour se perdre dans leurs yeux. Ils ne tombent pas, ils flottent. Leur cœur respectif tambourine dans leur poitrine, leurs côtes jouent de la harpe, leurs bras restent silencieux, trop occupés à s’échanger des énergies apaisantes. Des yeux qui pétillent. Deux âmes qui palpitent. Quatre mains reposées, frissonnant de plaisir. L’un face à l’autre, ils ne se lâchent jamais, ils n’en sont pas capables, et n’y pensent même pas. Tous deux expirent sans inspirer, cela aussi, ils l’ont oublié. Ils ont oublié comment respirer. Une image, figée dans le temps. Un miroir qui n’est plus un miroir mais un mur d’eau. Tous deux sont encerclés de cascades. Ils ne flottent plus, ils volent, se tirent l’un et l’autre vers le haut. Leur corps se penchent sur le côté, comme s’ils gravissaient un escalier en colimaçon, le tout sans se quitter. Ils n’ont pas besoin d’ailes pour s’élever, leur légèreté suffit. Leurs habits se mouillent de perles. Les cheveux relâchés. Les frissons qui s’estompent. La lanterne qui ne s’éteint pas et le piano qui se tait. L’eau s’écoule.