J’ai bien fait de ne pas les écouter. Ils tenaient tant à leurs secrets qu’ils se sont permis de mentir à tout le monde, à chaque instant. Je le vois comme une trahison envers notre peuple. Tandis que je ruminais ces noires pensées, la vue d’un spectacle flamboyant me fit tressaillir. Je le figeai, subjugué. Mes yeux s’immergeaient dans ce paysage digne d’un tableau des plus précieux. Je vis des ruines vieilles de plusieurs siècles, peut-être même un millénaire. Les pierres paraissaient frêles, pourtant l’édifice avait survécu à toutes les tempêtes, les orages et les sécheresses. Un silence paranormal demeurait dans cette zone interdite à toute âme qui vît. Je percevais le frottement de mes os, mes jambes qui tremblaient, mon cœur battant. Je m’en voulais de briser ce silence solennel, mais ma curiosité me poussa à m’avancer au creux de ces ruines. Une ouverture trônait au centre de ce qui devait être un mur sublimé par des colonnes. À travers cette ouverture, que j’imaginais être autrefois une porte immense entrelacée de végétations, j’admirais les rayons du soleil couchant, dont la chaleur contrastait avec les cieux et la Voie Lactée. Je fis rapidement mes adieux à ma résolution de faire demi-tour. Qui ne serait pas envoûté devant pareille beauté ? Craignant de causer davantage de nuisances sonores, je cessai un moment de respirer, le temps de marcher à pas feutrés jusqu’à cette porte du passé. N’y tenant plus, j’embrassai le diable en étirant mon bras jusqu’à passer de l’autre côté. Cet instant marqua un passage de mon inexistence. Je passai de l’ignorance au savoir, de l’aversion à l’empathie. Les ruines demeuraient derrière moi, me laissant choir dans ce vide sans gravité qu’est le cosmos. Et contre toute attente, je n’eus plus besoin de respirer. Plus jamais.
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