Article écrit en collaboration avec Laurine Lachapelle
« Un patrimoine rénové, un lieu partagé, […], un lieu de transmissions, de recherches et d’innovations. » Tels étaient les mots, il y a 3 ans, de Laurent Somon, aujourd’hui sénateur de la Somme. L’objectif a-t-il été atteint ? Le meilleur moyen de le savoir est d’aller poser la question aux habitants et commerçants.
Il est neuf heures, Salah entre au Longchamp. Debout au comptoir, il vient jouer chaque matin à la Française des Jeux. Le bar a récemment changé de propriétaire : Lucie Yang. Son sourire égaye la salle peu fréquentée à cette heure matinale. La jeune femme a pourtant des projets pour l’établissement.
Le bar se situe en face de la Citadelle. Aujourd’hui, elle est une université que des milliers d’étudiants fréquentent chaque jour. Auparavant, c’était une ancienne base militaire abandonnée depuis 1979 et cédé à la ville seulement en 1993. Depuis l’arrêté de 2016, le bâtiment est un monument historique ; une muraille que les amiénois n’ont pas encore franchie.
En matinée, la circulation est dense. Pour Samir Kaderi, c’est l’heure du réapprovisionnement du G20. Pourtant occupé avec son chariot plein de cartons, le propriétaire de l’épicerie évoque l’ancienneté de son enseigne familiale. Il distribue régulièrement des prospectus dans sa zone chalandise. « Les gens veulent aller plus vite. Les jeunes n’ont pas souvent le temps de manger. » Au jeune bar comme au magasin, l’avis est le même : la Citadelle a redonné vie au quartier.
Le quotidien alimentaire des étudiants
Les 4806 étudiants éprouvent des difficultés à se restaurer. La Citadelle s’est développée plus vite que les points de restauration, qui se résument à deux sandwicheries. Les étudiants mangent sur des tables de travail, dans les couloirs ou bien assis sur des blocs de béton faisant office de banc. Le G20 est l’épicerie la plus proche, d’où l’augmentation de l’affluence dans le magasin.
Un monument historique revalorisé
C’est la quatrième rentrée de la Citadelle depuis son ouverture en 2018. Les étudiants comme les habitants du quartier profitent de ce bâtiment chargé d’histoires et classé parmi le patrimoine de la ville. Il est onze heures et Serge, un habitant du quartier, se promène régulièrement au sein de la Citadelle. « Il est appréciable de profiter d’un monument comme celui-ci pour se balader », affirme-t-il.
Un étudiant est assis sur la place d’Armes. Il profite du temps calme avant l’attroupement du midi. « Je viens de Paris et c’est agréable d’étudier ici. » Lieu atypique en raison de son histoire, la Citadelle permet aujourd’hui d’être un point de rendez-vous entre le quartier Nord et le centre de la ville.
L’impact économique
En ce mois de septembre, la plupart des logements sont déjà occupés. Pourtant, la demande explose tandis que l’offre se raréfie. C’est ce qu’explique Michel Amarens, directeur général d’une agence immobilière indépendante proche de la Citadelle. Cette dernière est une des principales raisons de cette hausse de demandes. Depuis son inauguration, le nombre d’étudiants a légèrement augmenté (30 000 en 2018 et 32 000 en 2022). En conséquence, « le montant moyen d’une location a augmenté de 4% » ajoute le directeur, ce qui amène à un coût moyen de loyer de 16€ au mètre carré au quartier de la Citadelle (contre 12,8€ en moyenne dans toute la ville). En ce sens, il s’agit du quartier le plus cher d’Amiens.
Depuis la période gallo-romaine à nos jours, la Citadelle a traversé les âges. Depuis les remparts médiévaux jusqu’à l’inauguration d’une université, quel avenir réserve-t-elle ?