Oui, les arbres communiquent entre eux ! Mais comment les comprendre ? C’est la question que s’est posée Richard Powers dans son livre L’Arbre Monde, paru en 2018. Frédérique Spill, professeure de littérature américaine, partage ses ressentis sur cette lecture dans laquelle les arbres ont la parole ! L’enseignante s’exprimera le 29 novembre à l’Institut Faire Faces.
Frédérique Spill, professeure de littérature américaine à l’Université de Picardie Jules Verne, interviendra le mercredi 29 novembre à 16h45 à l’Institut Faire Faces. L’objectif ? Rendre curieux ! Le livre L’Arbre Monde par Richard Powers paru en 2018 est le point central de cette présentation, et pour cause : l’ouvrage raconte le récit de neuf personnages qui ont chacun un intérêt particulier pour les arbres. Ce texte expose le point de vue des arbres sur l’humain à travers un langage fictif.
Rendre les arbres attractifs
Dans le colloque sur le langage des arbres, il subsiste une volonté de rendre un sujet littéraire complexe accessible à tous. « C’est un colloque interdisciplinaire », explique Frédérique Spill, « mon but est d’essayer de convaincre les gens que L’Arbre Monde est un livre qui mérite d’être lu. »
Et si les arbres pouvaient parler ?
Le langage des arbres : un titre qui peut en surprendre plus d’un ! C’est justement le but de Frédérique Spill : « j’ai voulu un titre simple et provocateur. » Pourtant, le langage tel qu’on l’entend est le propre de l’homme, il ne s’applique pas à la végétation. Dans son livre, Richard Powers, en tant qu’écrivain et poète américain, prend le parti de donner le langage des humains aux arbres. « Il donne des mots à ce silence que nous, humains, nous percevons », raconte Frédérique Spill. L’auteur de L’Arbre Monde va plus loin. Que pourraient penser les arbres de nous ? Nous dont la vie est plus réduite que la leur, que diraient-ils s’ils pouvaient commenter notre vie ? « C’est un geste intéressant », confie Frédérique Spill, « Richard Powers fait parler les arbres avec invention et poésie, et il invite quelconque lecteur à regarder les arbres autrement. »
Richard Powers n’est pourtant pas le seul à faire parler les arbres. D’autres œuvres font d’eux des personnages, comme le documentaire Arbres, ou encore l’univers du Seigneur des Anneaux qui leur donne des personnalités et des caractères. De quoi changer notre perception de cette végétation.
L’Arbre Monde, un livre écologique ?
Tous les livres sur les arbres n’abordent pas les problématiques environnementales actuelles. Mais on est toujours invité d’une manière ou d’une autre à cette réflexion, que ce soit dans les années 1950 à travers le récit de L’homme qui plantait des arbres, ou en 2018 avec L’Arbre Monde. Dans ce livre, chacun des personnages du roman de 600 pages porte un intérêt pour les arbres qui lui est propre. Parmi les gardes forestiers, scientifiques et artistiques, il y a les écologistes. Mais l’auteur ne prend pas position. Richard Powers défend l’environnement à travers son écriture, mais « ce n’est pas un livre uniquement pour la défense des arbres », rappelle Frédérique Spill. « Il montre qu’on en a besoin pour vivre, se chauffer, fabriquer des meubles… Il ne dit pas que tout cela est mal mais montre les limites de l’écologie dans l’environnementalisme quand il devient violent. » Et toutes ces questions sont commentées par les arbres.
« Si je parle de ce livre », conte Frédérique Spill, « c’est pour partager la beauté du geste ». De donner des mots aux arbres qui n’en ont pas, et surtout de donner ces réflexions aux lecteurs. En un mot : rendre curieux.